FWDThinking Épisode 16 : Digital Trust for Places and Routines

Alistair Croll en conversation avec Jackie Lu.

Publié le 16 août 2021

Toutes les opinions exprimées dans ces épisodes sont personnelles et ne reflètent pas les opinions des organisations pour lesquelles nos invités travaillent.

 

DTPR est l’une des idées les plus passionnantes dont j’ai entendu parler depuis un bon moment.

La norme Digital Trust for Places and Routines vise à rendre les composantes invisibles des espaces publics accessibles et responsables vis-à-vis des personnes qui les occupent.

Dire que « nous vivons dans un monde numérique » est presque un cliché de nos jours. Une grande partie de notre vie se déroulait en ligne avant même la pandémie, et la distanciation sociale et le travail à distance ont considérablement accentué cette tendance. S’assurer que nous avons des droits au sein de ce monde numérique est une priorité, et ce n’est pas une idée nouvelle : il y a six ans, j’ai donné une présentation à Strata dans laquelle je soutenais que l’IA devrait travailler pour nous, et non sur nous, et que personne ne devrait en savoir plus sur vous que vous n’en savez.

Cela étant dit, j’étais myope, car il existe deux mondes numériques. Un monde dans lequel nous naviguons de manière consensuelle, comme lorsque nous ouvrons un navigateur ou déverrouillons notre téléphone. Et un autre dans lequel nous évoluons en permanence, avec peu de recours ou de prise de conscience.

Le monde qui nous entoure est envahi de capteurs, des caméras aux microphones en passant par ces petites bandes qui comptent les voitures sur une route. Ce domaine «  physique et numérique  » dans lequel se trouve l’Internet des objets, est à la fois omniprésent et anonyme. Lorsque vous passez devant une caméra de sécurité ou que vous faites glisser une carte pour déverrouiller une porte, vous ne savez pas comment cette information est utilisée, ni par qui.

Cela représente un important problème.

Si vous saviez qui a installé une caméra, ce qu’elle enregistre et qui a accès à ces données, l’invisible deviendrait visible. Cela créerait une responsabilisation. Mieux encore, vous pourriez avoir accès à ces données si l’argent de vos impôts avait servi à les collecter, et répondre à des questions – combien de personnes ont traversé le carrefour en moyenne ? À quel moment un magasin est-il le plus fréquenté ? – de manière à pouvoir modifier les politiques publiques.

Donner une transparence numérique aux espaces publics et aux habitudes du monde moderne, tel est le défi que  Jackie Lu, Patrick Keenan et Adrienne Schmoeker tentent de relever. En regroupant leurs expériences dans le domaine des technologies civiques, du design et des startups, ils ont défini et testé un moyen d’identifier les infrastructures numériques et de permettre aux gens d’en prendre connaissance. Bryan Boyer, directeur du programme de technologie urbaine de l’université du Michigan et ancien membre du Helsinki Design Lab, a rédigé un excellent article sur les défis et les possibilités de la compréhension numérique des espaces publics.

Dtpr Blog Post

Les personnes qui chargent la page identifiée par ces autocollants sont dirigées vers des informations sur les capteurs qui les surveillent, indiquant ce qui est collecté, à qui appartiennent les données et comment elles sont analysées et stockées. Voilà un excellent objectif à court terme, mais leur vision à plus long terme est encore plus ambitieuse : ils veulent connecter ces informations à des agents personnels qui peuvent nous montrer les fonctionnalités numériques disponibles dans un espace physique. L’un des exemples cités par Jackie est l’accès à une bibliothèque, la réservation d’une table dans un restaurant et la consultation d’un résumé de votre journée pour mieux comprendre comment vous avez interagi avec les éléments numériques invisibles des espaces publics.

Je suis toutefois d’avis qu’il y a un aspect encore plus important à cette question. Notre confiance vis-à-vis du gouvernement n’a jamais été aussi faible, et nombreux sont ceux qui remettent en question la valeur de l’action collective ou des infrastructures partagées. À mesure que les services offerts par les administrations publiques deviennent numériques, il est essentiel de rendre l’invisible non seulement visible, mais aussi redevable et utile pour gagner la confiance du public. Imaginez qu’en voyant un capteur, vous sachiez à quoi il sert, quelle part de l’argent des contribuables a servi à l’acheter et que vous puissiez analyser les informations qu’il recueille. C’est cela la démocratie informationnelle, et le DTPR expose une idée claire sur la manière de relier les mondes numérique et physique de cette façon.

Il y a bien sûr de nombreux obstacles à surmonter. D’une part, tout le monde ne dispose pas des outils et des appareils nécessaires pour accéder à l’information numérique. Il est donc primordial de veiller à ce que le DTPR ne creuse pas davantage la fracture numérique (mais le simple fait de signaler l’existence d’une strate numérique est une bonne première étape). D’autre part, les fournisseurs qui fabriquent des appareils de technologie IdO notoirement peu sûrs peuvent être réticents à soutenir des normes qui les tiennent pour responsables. En revanche, si la politique publique exige le DTPR de la même manière que nous exigeons le RGPD pour les données en Europe ou la certification LEED pour les bâtiments durables, il pourrait rapidement devenir une exigence obligatoire pour les immeubles gouvernementaux et la collecte de données du secteur public, et entraîner le secteur privé dans cette voie.

Le DTPR est une initiative prometteuse qui transcende les clivages politiques. Jackie et son équipe ont accompli un travail considérable de réflexion et de prototypage. Ils organisent une cohorte d’automne pour les startups, les entreprises technologiques et les gouvernements si vous souhaitez vous impliquer. Mais avant tout, vous devriez regarder cet entretien avec Jackie où nous explorons la nécessité de cette norme et la manière dont l’équipe a conçu un vocabulaire pour la dimension numérique de l’espace public.

Soumettez votre candidature pour faire partie d’une cohorte de mise en œuvre du DTPR de l’automne 2021 à l’hiver 2022, guidée par l’équipe de Helpful Places dirigée par Jackie Lu. Les candidatures sont examinées au fur et à mesure jusqu’au 1er septembre. Soumettez votre candidature ici et contactez dtpr@helpfulplaces.com pour toute question !

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